En octobre dernier la DGA, Direction générale de l’armement, attribuait à Preligens le marché Tornade – Traitement Optique et Radar par Neurones Artificiels via Détecteurs – pour un montant maximum de 240 millions d’euros. Ce marché, qui court sur 7 ans, prévoit l’achat des logiciels développés par la startup. En utilisant l’intelligence artificielle, ces derniers permettent de traiter rapidement de grands volumes de données d’intérêt militaire récoltées via les satellites mais aussi toute source commerciale, et de générer des alertes envoyées aux services de renseignement clients.
Un exemple ? « Une modification de l’environnement d’un aéroport à la frontière russo-ukrainienne va être repérée par notre logiciel et provoquer une alerte », explique Hélène Humbert, communication manager chez Preligens. « L’analyste missionné par notre client va immédiatement constater qu’une flottille de chasse a pris la place des 5 hélicoptères habituellement stationnés sur le site… »Ce travail était jusqu’à présent réalisé manuellement, rendant extrêmement compliqué et chronophage le traitement de la masse de données récupérées. « En couplant l’automatisation des tâches par l’intelligence artificielle au savoir-faire des analystes, notre produit fait gagner un temps précieux aux services de renseignement ! »
L‘armée américaine intéressée
L’OTAN, le Japon et d’autres pays d’Asie s’intéressent de près aux solutions fournies par Preligens. Même les États-Unis, chose suffisamment rare pour être notée. « C’est logique », sourit Hélène Humbert : « nos produits de surveillance de sites stratégiques et de mapping opérationnel n’existent nulle part ailleurs. »
Entièrement autonome, maître de sa chaîne de valeur, Preligens s’appuie sur l’excellence de ses équipes dont celle d’IA, la plus grande en Europe dans le domaine de la défense. « Nous n’avons aucun mal à recruter ces profils rares car nous proposons une mission innovante et qui fait sens. » Implantée dans plusieurs pays européens, Preligens a ouvert l’an dernier des filiales à Washington et à Singapour.
Un Centre d’entraînement et de développement d’Intelligence Artificielle (CEDIA) à Rennes
Preligens s’est installée à Pacé, tout près de Rennes, en 2022, séduite « par la proximité de certains de nos clients militaires, un bassin d’emploi spécialisé dans la cybersécurité hyper dynamique, l’attractivité de la ville », dit Hélène Humbert. « Certains de nos collaborateurs n’ont pas forcément envie de vivre à Paris ; en ouvrant un bureau à Rennes, nous leur proposons une alternative. Nous recrutons également des Rennais expatriés ravis de revenir dans leur ville, et pas mal de personnes déjà présentes sur le bassin. »
Sur un effectif global de 260 salariés, Preligens en emploie 26 à Rennes. Un nombre appelé à augmenter dans les mois à venir. Divers profils sont recherchés, et pas seulement les plus pointus : « le bureau rennais est essentiellement constitué d’annotateurs (chargés de marquer et d’identifier les données destinées à « nourrir » l’IA) que nous formons nous-mêmes », poursuit la communication manager. « Ce sont souvent des personnes en reconversion, de l’ancien militaire à l’ex-caissière ! N’importe qui peut postuler et se prêter au process de recrutement mis en place, particulier car justifié par le caractère sensible de nos missions. »
- Plus d’informations sur preligens.com
- Propos recueillis par Béatrice Ercksen
- Photo de Une : Analyse de l’exercice quadriennal des armées russes ZAPAD 2021 @Preligens
