écoconstruction

Construire et rénover en respectant l’environnement, c’est possible

Changer de modèle dans le secteur de la construction est réalisable, comme le démontre l'exemple de Rennes.

L’urgence climatique impose de (re)penser la ville en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Une solution s’impose alors : l’écoconstruction, qui réinvente les pratiques grâce aux circuits courts, au réemploi et aux matériaux biosourcés. En neuf ou en rénovation, Rennes Métropole a donc décidé de pousser le bas carbone vers le haut.

Le secteur de la construction à l’origine de 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Pour limiter la hausse des températures à 2°C d’ici à la fin du siècle, le bâtiment doit lui aussi réduire son recours aux énergies fossiles. Et donc changer de modèle, sans négliger les besoins du territoire en matière de logements, d’infrastructures et d’activités. Or, l’accroissement de la population de Rennes Métropole, évaluée à 533 500 habitants en 2035, nécessite la création de 65 000 nouveaux logements. La demande est particulièrement forte dans le parc social. Mais tout n’est plus possible. Via l’objectif du Zéro Artificialisation Nette (Zan*), la loi oblige à préserver les terres agricoles et les espaces naturels existants, tout en favorisant la biodiversité. Avec du foncier qui se fait de plus en plus rare et le réchauffement climatique de plus en plus présent, la construction bas carbone s’impose comme une évidence.

(*Principe d’aménagement du territoire selon lequel toute artificialisation des sols doit être compensée par la création – la restauration d’espaces naturels, agricoles ou forestiers.)

Concevoir durable

Mais comment faire ? Une opération d’écoconstruction réussie passe d’abord par le choix de sa localisation. Un bon site permet de capter l’énergie solaire en hiver et de restituer la fraîcheur en été. Une conception bioclimatique limite les besoins énergétiques et maximise le confort. L’orientation du bâtiment est essentielle, mais sa localisation l’est aussi. La proximité des emplois, des services et des transports en commun réduit les déplacements.

Autour des bâtiments, planter des arbres, creuser des noues (des fossés larges et peu profonds) et privilégier des pavés drainants, tout cela facilite l’infiltration de l’eau dans le sol. La recherche d’économies d’énergie est aussi essentielle. Pour cela, on cherche à tendre vers le bâtiment passif, c’est-à-dire neutre en termes de consommation énergétique, avec l’aide d’énergies renouvelables comme la biomasse ou encore le photovoltaïque.

La construction durable pousse aussi à réfléchir à l’évolution de nos usages. Il faut anticiper en intégrant la réversibilité des bâtiments. Bien conçu, un immeuble de bureaux pourra se transformer en une résidence locative quelques années plus tard. Tout est une question de dimensions, de hauteurs, de murs porteurs, de faux planchers, de balcons filants…

Recycler l’existant

Mais faut-il construire à tout prix ? Construire bas carbone, c’est aussi, et avant tout, faire avec l’existant. On appelle ça le « recyclage urbain ». Et faire la chasse aux mètres carrés perdus ou inutiles revêt plusieurs formes.

Maximiser l’utilisation des bâtiments en les ouvrant à des publics différents sur des plages horaires étendues. Mobiliser les logements vacants. Convertir des bureaux en appartements. Transformer les friches industrielles. Surélever des bâtiments…

Le Programme local de l’habitat (PLH) de Rennes Métropole prévoit 10 % de recyclage immobilier d’ici 2028. La transformation de l’Hôtel-Dieu et de l’Hôtel Pasteur à Rennes en sont les exemples, projets gérés par l’aménageur mandaté par la Ville de Rennes, Territoires Rennes.

Réhabilitation
Cour de l’école maternelle de l’Hôtel Pasteur ©Destination Rennes

Rénover « nature »

Ayant moins d’impact que la démolition-reconstruction, la rénovation est l’autre alternative bas carbone. Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), la construction neuve d’un bâtiment de logements collectifs nécessite 80 fois plus de ressources. D’où le parti pris à Maurepas par Archipel Habitat, de réhabiliter intégralement les dix tours du Gros-Chêne. Un chantier titanesque qui conjugue qualité du cadre de vie et performance énergétique.

Construire bas carbone, c’est aussi penser réemploi. Alors que la grande majorité d’entre eux pourrait l’être, seulement 1% des matériaux issus des déconstructions sont effectivement réemployés en France. Poutres en acier, charpentes en bois, huisseries en PVC… Pour un usage identique mais dans un environnement différent, la réutilisation de matériaux dans leur forme initiale – ou à peine transformés – représente un gain carbone considérable. Et pas besoin d’aller bien loin, le bassin rennais a ses pépites comme les entreprises Bâti’Récup ou encore Bluemarket…

La mise en oeuvre de matériaux biosourcés est la dernière pièce du puzzle. Leur liste est longue. Déclinés en panneaux, rouleaux, briques ou bottes, ce sont le bois, le chanvre, le liège, la paille, la terre crue… Mais aussi les algues, le chaume, le lin, la ouate de cellulose ou le textile recyclé. Leur empreinte environnementale est faible, surtout lorsqu’ils sont locaux et peu transformés. Combiner ces écomatériaux, parfois plus onéreux, avec des matériaux conventionnels permet aussi de maîtriser son budget. Savoir utiliser les points forts de matériaux différents en les associant, afin qu’ils travaillent ensemble, c’est la logique du bon matériau au bon endroit !


Des exemples d’écoconstruction dans la métropole

Ecoconstruction : Le nouveau groupe scolaire en chantier à Mordelles.

La pose de la première « terre » s’est tenue en avril. Les 14 classes seront hébergées dans des bâtiments majoritairement construits en terre crue porteuse, en bois et en paille. L’occasion de renouer le lien avec le monde agricole en utilisant des matières premières locales.

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©Arnaud Loubry / Rennes Ville et Métropole

Seconde vie : Élan Bâtisseur à Saint-Jacques-de-la-Lande

La coopérative Élan Bâtisseur s’est installée dans un entrepôt désaffecté, transformé du sol au plafond par ses entrepreneurs salariés, avec des box de stockage, du matériel en location et des espaces conviviaux. Hormis la plomberie et le désamiantage, les artisans ont réalisé eux-mêmes les travaux. Au coeur du projet : des éco-matériaux comme l’ossature bois, le mélange terre-paille pour le mur séparant les ateliers des bureaux, l’isolation en laine de bois, les fondations isolées en billes de liège et ouate de cellulose, issue de papier recyclé. Le sol ? En liège. Les cloisons entre les bureaux ? Du textile en coton recyclé assure l’isolation phonique. Côté réemploi, la banque d’accueil et les fenêtres des ateliers proviennent de la réhabilitation du siège social de Néotoa.

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©Anne-Cécile Esteve – Rennes Ville et Métropole

Un guide pour favoriser la construction durable

Rennes Métropole a publié un guide méthodologique pour favoriser la construction durable. Le référentiel énergie bas carbone définit les prescriptions applicables aux projets de construction neuve dans les opérations publiques d’aménagement depuis le 1er janvier 2023.

Ce référentiel indique des critères techniques, des indicateurs de performance, des obligations de moyens et de résultats. Il édicte un corpus de règles contraignantes afin de réduire l’impact carbone de la construction neuve sur son cycle de vie et les consommations énergétiques.


  • Article rédigé par Olivier Brovelli | Rennes Métropole. Lire le dossier complet « Comment construire et rénover en respectant l’environnement » proposé par le magazine ICI Rennes- Juin 2024
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