YAO ! Bretagne

YAO ! : « Transmettre aux jeunes générations demande de l’humilité »

Le dirigeant rennais Mario Piromalli a créé en 2014 un fonds de dotation pour accompagner les jeunes qui entreprennent.

Mario Piromalli aurait pu se contenter de gérer ses affaires. Manager 22 établissements McDonald’s et 1500 salariés, ça occupe… Mais pour le dirigeant, « réussir n’est pas suffisant. Un chef d’entreprise est accompli s’il transmet son expérience, et rend à son territoire ce qu’il lui a apporté. » Alors depuis 7 ans, le fondateur et président de Yao ! (en route, en breton) et les chefs d’entreprise qu’il a convaincus aident les jeunes entrepreneurs bretons à se lancer. Bilan : 200 parrains, 308 filleuls, 450 projets accompagnés et plus de 1000 emplois créés.

Yao ! est né, dites-vous, de votre envie de transmettre… Pouvez-vous nous raconter ?

J’étais parfois abordé par des jeunes qui me demandaient conseil parce qu’ils venaient de créer leur entreprise ou qu’ils souhaitaient développer un projet. Ces jeunes avaient des idées, de l’enthousiasme, l’envie d’entreprendre, mais tous n’avaient pas des parents ou un réseau pour les guider et les accompagner. Je les sentais perdus dans les aides disponibles sur le territoire ou pour appréhender l’écosystème local. Je me suis dit qu’avec l’aide de chefs d’entreprise qui me ressemblaient, bienveillants, attentifs aux autres et désireux de transmettre leur expérience et leur parcours, on pouvait faire quelque chose pour cette génération. Nous avions nous aussi à y gagner, à apprendre.

Comment ça marche ?

Yao ! s’adresse aux entrepreneurs ou porteurs de projet de la Bretagne historique, âgés de 18 à 30 ans, qui souhaitent être accompagnés dans leur parcours par un parrain, une marraine entrepreneur expérimenté. Pour devenir filleul ou parrain, il suffit de faire acte de candidature en remplissant un formulaire sur yao.bzh. En fonction des projets, des profils, des binômes chef d’entreprise/jeune entrepreneur sont constitués pour échanger, se rencontrer, aider. Yao ! propose également des ateliers, des conférences, des événements  sur des thématiques propres à la création et au développement d’entreprise, autant de rendez-vous qui permettent aux jeunes de se retrouver entre eux.

Mario Piromalli et ses filleuls

Pourquoi transmettre à ces jeunes générations demande-t-il, selon vous, de l’humilité ?

Parce qu’il n’est pas facile de transmettre à des gens qui ont 20 ou 30 ans de moins que soi. Leur monde est différent du nôtre, comme le nôtre l’était de celui de nos parents. Ils utilisent des outils qui n’étaient pas les nôtres,  n’ont pas forcément le même langage que nous. Ils ont surtout d’autres attentes : l’envie que beaucoup d’entre nous avions à nos débuts -entreprendre pour le plaisir et pour avoir une vie confortable- ne leur suffit plus ; leur aventure n’est pas seulement économique, elle doit nécessairement être humaine et écologique. Ça nous bouscule, nous remet en question parfois, nous enrichit. D’autant que jeunes et moins jeunes avons une chose en commun, essentielle, qui nous rapproche : l’envie d’entreprendre, de créer, d’apporter au territoire qui nous accueille.

Qui sont les filleuls de Yao ?

Nous accompagnons autant de filles que de garçons. La moitié vient du monde salarié et connaît mal ou peu l’entreprenariat, d’où l’importance de notre soutien. Leurs profils sont variés, ce qui fait aussi l’intérêt et la richesse de notre démarche. À Rennes, par exemple, ces jeunes souhaitent ouvrir un bar-guinguette ou créer une enseigne de jeu d’évasion, se sont lancés dans la vente de produits en vrac et consignés (DurabL), la création de chaussures (Maratown), la gestion de la flotte automobile professionnelle (Yooliz)… Les parrains rennais sont le journaliste Stéphane Besnier, le pâtissier Philippe Bouvier, Olivier Clanchin, président de Triballat, Marie-Laure Collet, dirigeante du cabinet de conseil en RH Abaka ou encore Jocelyn Denis, dirigeant de Digitaleo…

Est-il facile pour ces jeunes d’entreprendre en terres rennaises ?

Économiquement, tous les voyants sont au vert pour les 10 prochaines années : ils s’installent sur un territoire exceptionnel où on cultive le partage, l’entraide, l’échange, l’amour du travail bien fait. Chez nous, quand on a un projet, tout est en place pour qu’il puisse aboutir : c’est une chance que les jeunes doivent saisir. Ils en sont conscients, ils nous le disent. Même ceux dont le projet n’est pas allé au bout, ceux dont l’entreprise n’a pas duré ont appris de l’expérience Yao !, en sont sortis plus confiants et pugnaces. Vous savez ce qui me réjouit le plus dans cette aventure ? C’est de voir nos filleuls devenir parrains à leur tour et tendre la main à ceux qui arrivent. La route continue !

308 filleuls et de belles réussites : Jean-Baptiste De Bel-Air (Steeple), Paul Jaffre (Maison Savary), Antoine Cheul (Shopopop), Yoann Coulvier (OUIBOSS), Romain Manivel (<Alt/>), Stéphanie Maros (Senext), Justin et Simon Lagadec (Make the Grade), Maximiliano Alzerreca (Mono Pizza), Maxence Delourme (boulangerie bio Honoré)… Cette liste n’est pas exhaustive.

  • Plus d’informations sur YAO
  • (Propos recueillis par Béatrice Ercksen)
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