Gaëlle Baldassari, fondatrice de

Avec « Kiffe ton cycle », parler des règles n’est plus tabou

La startup installée près de Rennes donne (enfin) ses lettres de noblesse au cycle menstruel.

Et si le cycle des femmes devenait un de leurs meilleurs alliés ? Vous n’y aviez pas pensé ? Gaëlle Baldassari, si. Avec « Kiffe ton cycle », la dirigeante bretonne change notre regard sur ce phénomène périodique que l’on préfère taire. Le connaître et en parler pourrait pourtant « changer le monde ».

Moral en berne, seins douloureux, fatigue…Quand on les interroge, la majorité des femmes confient supporter chaque mois des symptômes liés à leur cycle menstruel. « Simple  inconfort » pour certaines,  « douleurs incapacitantes »  pour d’autres. Avec un même constat : « de toute façon, on n’y peut rien, alors… » Et si, justement, on y pouvait quelque chose ? Gaëlle Baldassari en est persuadée. Pas question, bien sûr, de supprimer le cycle menstruel, mais de vivre « avec » et  non « contre » : « connu et compris, il peut devenir une force et transformer la vie des femmes », dit-elle.  Pour les y aider, Gaëlle a créé « Kiffe ton cycle » en 2017. Lorsque la jeune femme en parle autour d’elle, « personne n’y croyait. Moi si. Je me disais que j’allais changer le monde », sourit-elle. Elle puise sa conviction dans son vécu (sa fille est née suite à une PMA) et dans les confidences recueillies lors des séances de coaching en leadership féminin qu’elle anime, pendant lesquelles « le cycle était souvent au centre des échanges, mais pas compris ni exprimé. Les femmes que je rencontrais étaient seules face à leurs questionnements. Sans connaître le fonctionnement de leur cycle -qui le leur aurait appris ?-, elles ne se rendaient pas compte de son impact sur leur corps, sur leur mental, sur leur vie. Avec « Kiffe ton cycle », j’ai voulu répondre à la détresse de ces femmes, faire tomber les tabous et faire circuler l’information. »

Vivre en harmonie avec son corps

Soumis aux variations hormonales, le cycle est constitué « de phases associées à un état d’esprit, des émotions… qui peuvent devenir de précieux alliés si vous savez les repérer et les utiliser », estime Gaëlle. Les programmes en ligne Kiffe ton cycle !™, Kiffe tes premières règles™, Kiffe ton syndrome prémenstruel™ et Kiffe ta pré-ménopause™ sont créés pour comprendre son fonctionnement. En parallèle, Sommets trimestriels, ateliers en région, conférences et d’autres programmes sont proposés par la startup  et abordent l’endométriose, la ménopause, l’autonomie gynécologique, la puberté… Avec les mêmes objectifs, affichés sur le site de « Kiffe ton cycle » : « vivre en harmonie avec son corps, pouvoir se faire confiance tous les jours sans appréhender l’arrivée des règles, apaiser les douleurs et les symptômes anormaux de la période prémenstruelle… » On y apprend par exemple quels aliments et quels massages atténueront certains symptômes, à reconnaître les phases génératrices de fatigue, à les accepter et à adapter son activité à ces moments : « si on écoutait davantage notre corps, on éviterait beaucoup de burn-out », assure la dirigeante.

Le livre Kiffe ton cycle, une méthode d’auto-coaching pour aider les femmes à mieux vivre leur cycle
(photo : ©Kiffe ton cycle)

En phase de croissance

Et ça marche ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la startup revendique 100 000 utilisateurs sur les réseaux sociaux et abonnés à sa lettre d’information ; 100 000 personnes ont suivi les conférences, 4 000 autres ont acheté un programme en ligne.  « Kiffe ton cycle » salarie 6 personnes et s’apprête à embaucher un(e) chef(fe) de projet marketing digital et un(e) chargé(e) de projet webmarketing.

En région, des ateliers sont animés par une cinquantaine d’ambassadrices formées. La preuve, si besoin était, du besoin criant d’information le sujet, dès le plus jeune âge : Kiffe tes premières règles™ et des ateliers spécifiques s’adressent aux jeunes filles dès 9 ans. En février, « Kiffe ton cycle » testera dans un collège du bassin rennais l’escape game imaginé pour « apprendre et comprendre le cycle en jouant », explique Gaëlle. La startup est en phase de croissance et la dirigeante ne manque pas d’idées pour l’avenir ; elle prévoit par exemple de développer « une application destinée à l’accompagnement des femmes aux cycles irréguliers ou problématiques. Nous sommes en recherche de financement. »

Un territoire idéal

Rennes, bassin idéal pour créer et faire grandir une entreprise ? « Oui », répond la coach sans hésitation. « Ce territoire a une densité de ressources extraordinaire, auxquelles on a accès facilement. À Paris, où j’ai travaillé auparavant, c’est plus compliqué ! Ici, j’ai pu bénéficier d’un accompagnement technique et opérationnel pour lancer « Kiffe ton cycle ». J’ai intégré le parcours « Émergence d’entrepreneure » d’Entreprendre Au Féminin Bretagne, obtenu un prêt d’honneur avec l’aide de Bretagne Active, qui s’est également portée garante de mon prêt bancaire. « Kiffe ton cycle » est actuellement hébergée et accélérée dans les locaux du Village by CA. À Rennes, petites et grandes entreprises bénéficient du même écosystème de qualité. Je sais pouvoir y trouver les compétences tech dont je vais avoir besoin pour développer notre future application. » Et puis « les gens sont bienveillants. Même si certains trouvent mon entreprise bizarre (« parler des règles, quand même… »), ils sont accueillants et prêts à apporter leur aide. »

Gaëlle Baldassari , fondatrice de Kiffe ton cycle, au salon Digital Tech 2021 de Rennes (Photo : ©Destination Rennes | Priscilla Goût. )

Quitter le territoire, est-ce envisageable ? « Non. J’aime cet endroit que j’aime faire connaître à nos futures ambassadrices originaires de toutes les régions et de pays francophones : leur formation à distance comprend nécessairement une semaine en présentiel, à Cesson-Sévigné. J’y vis avec mon conjoint, nous nous y plaisons beaucoup. » À tel point que la dirigeante a convaincu ses parents installés en région parisienne de la rejoindre : ils emménagent la semaine prochaine dans la commune brétillienne. « Maintenant » s’amuse Gaëlle, «  j’essaie de convaincre mon frère ! ».

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