Beesk cofondateur

Beesk aide les professionnels à lutter contre le gaspillage alimentaire

La scale-up du bassin rennais est leader français de la distribution alimentaire anti-gaspi.

Avec Beesk, rien ne se perd, tout se cuisine ! Beesk amène dans les brigades de cuisine les produits voués à la destruction. Sublimés par des chefs, les légumes tordus, pâtisseries cabossées, et produits de fins de gamme finissent dans les assiettes, leur vocation première. Producteurs, cuisiniers, convives, planète : tout le monde s’y retrouve !

Savez-vous qu’entre 20 et 30% des légumes et des fruits produits en France ne finiront jamais dans une assiette ? Une petite partie sera utilisée pour l’alimentation animale ou la méthanisation, la majorité sera détruite. Fromage, viande, viennoiserie et autres denrées subiront le même sort. Surplus, hors calibrage, erreur de packaging, fins de gamme… pas de place pour le hors norme !  « En France, 53 % du gaspillage alimentaire, soit 5 millions de tonnes de produits, intervient entre la production et la transformation », explique Fabien Gastou, co-fondateur de Beesk. Difficile à avaler quand on sait que nos compatriotes ne mangent pas tous à leur faim. « J’ai moi aussi un peu participé à cette aberration », lance Fabien dans un demi-sourire, « en vendant pendant 10 ans des solutions de triage aux producteurs et aux transformateurs de l’agroalimentaire ». Un gaspillage alimentaire en partie dû à la standardisation et aux normes générés par les circuits de distribution. « Les producteurs sont contraints d’écarter des produits,qu’ils n’arrivent pas à valoriser. On vit dans un modèle de surproduction, on produit pour jeter. Et ça, j’ai fini par ne plus l’accepter. »

Beesk, une belle tambouille

Alors Fabien, « l’expert des process industriels » et Faustine Calvarin, « la spécialiste de la réglementation alimentaire », s’associent en 2018 pour créer Beesk, selon une recette qui leur est propre. Depuis Betton, commune de la première couronne rennaise, ils imaginent un modèle qui réduit le gaspillage alimentaire en créant « un circuit court qui répond aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques » de la restauration collective dans un premier temps, puis très vite des secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de l’événementiel. Les Bretons, en clin d’oeil à leurs origines et à la bisque préparée avec un produit hors norme – la carcasse du homard -, ont baptisé leur entreprise Beesk. À prononcer façon soupe, bien sûr.

Faustine Calvarin et Fabien Gastou, cofondateurs de Beesk. (Crédit photo : Beesk)

Gagnants-gagnants

Les produits hors norme sont achetés aux producteurs et transformateurs, et revendus aux professionnels de la restauration collective. Les premiers valorisent leur production, les seconds profitent de produits opérationnels de qualité (issus de circuits courts et labellisés) à des prix intéressants. « Tous ont la satisfaction de participer à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à la réduction de l’empreinte carbone des assiettes, tout en répondant aux attentes des citoyens », poursuit Fabien. « Notre solution permet également d’aider la restauration collective à satisfaire à la loi EGalim » (qui exige au minimum 50% de produits durables et de qualité, dont 20% de produits issus de l’agriculture biologique)*.

Changer nos façons de faire et de consommer

En France, si des solutions anti-gaspi existent depuis plusieurs années, « elles sont plutôt orientées vers les consommateurs », dit le co-fondateur de Beesk, qui cite « Too good to go » ou « Nous, anti-gaspi ». « Avec Beesk, nous intervenons sur l’amont, en BtoB, où un vide existait. »

Des concurrents commencent à émerger en BtoB, plutôt axés sur les seuls fruits et légumes. Selon Fabien, Beesk cultive une autre particularité, « une solution clé en main, de l’achat des produits à leur livraison en cuisine. On assure en plus l’animation des restaurants, parce qu’on ne veut pas seulement vendre les produits hors norme : on veut aussi changer les habitudes, des cuisiniers comme des convives. On a une grosse activité de communication, de pédagogie, de sensibilisation en nous appuyant sur le côté ludique de nos produits, qui chacun raconte une histoire. Celle d’un croissant légèrement asymétrique, d’une tomate un peu trop grosse… ».

Beesk
Crédit photo : Beesk

La Bretagne, un territoire fertile

Beesk est née dans le bassin rennais « parce que nous en sommes originaires et parce que la production agricole et agroalimentaire y est forte, comme dans le reste de la Bretagne », déclare Fabien. « Je savais pouvoir compter sur mon réseau, important pour démarrer, notamment en sourcing. Commercialement, on s’est d’abord déployés en région parisienne parce que les groupes de restauration collective, nos premiers clients, y sont concentrés. Maintenant que nous sommes bien installés, nous nous développons au niveau national et notamment en Bretagne. Nous avons par exemple noué un beau partenariat avec Patrick Léger, directeur de la restauration de l’Adapei 35. Chaque livraison à la cuisine centrale installée à Saint-Jacques de la Lande permet de sauver 500 kg de produits hors norme ; on fait un super boulot ensemble. Cette rencontre nous a ouvert les portes d’autres partenaires, comme les restaurants d’entreprise Orange du bassin rennais. »

Rennes, une terre d’accueil

« On y est écoutés », apprécie le Bettonnais. « Il y a clairement, de la part des producteurs, des transformateurs, des acteurs économiques, une prise de conscience des enjeux environnementaux, et plus globalement de RSE. Quand on a commencé à travailler sur le concept de Beesk, on a vu émerger Nous, anti-gaspi, à Melesse. Entre Betton et Melesse, il n’y a pas 10 km. On s’est dit qu’il se passait vraiment quelque chose sur ce territoire… »

Un déploiement national

Pour sa seconde levée de fonds, en 2022, Beesk s’est entourée d’entrepreneurs investisseurs, dont des Bretons, pour consolider sa structure financière et se déployer au niveau national. « Nous avons doublé l’équipe il y a quelques mois – nous sommes 15 aujourd’hui – et allons rapprocher nos plateformes logistiques de nos clients pour permettre à nos produits de rejoindre l’assiette en un minimum de km », explique Fabien. « Nous allons continuer à militer pour inciter à consommer ce qui est disponible, avant de produire autre chose… »

*Depuis le 11 février 2020, l’objectif national en France est de réduire le gaspillage alimentaire, d’ici 2025, de 50% par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective et, d’ici 2030, de 50% par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale. Source : ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

(Photos : ©Beesk. Propos recueillis par Béatrice Ercksen.)

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