Hello-Work

« Les premiers signaux d’un retour des recrutements sont encourageants »

Entretien avec David Beaurepaire, directeur délégué du groupe Hellowork

Le groupe HelloWork est un acteur incontournable dans les secteurs de l’emploi, du recrutement et de la formation sur internet en France. Son directeur délégué, David Beaurepaire, revient sur les conséquences de la crise sanitaire dans ces secteurs. La reprise, timide, est là et bien là.

Pouvez-vous nous présenter HelloWork …

David Beaurepaire
David Beaurepaire, directeur délégué de Hellowork

HelloWork est une société créée à Rennes en 2000 sous le nom de OuestJob, qui s’est étendue et transformée en RégionsJob sur tout le territoire, exclusivement sur le marché du recrutement. La société a pris le nom d’HelloWork en 2018. Nous poursuivons notre activité dans le domaine du recrutement mais aussi désormais sur les marchés de la formation et de l’orientation. HelloWork est un nom plus en phase avec ce que nous sommes devenus et englobe la totalité de nos services. Nous comptons 325 collaborateurs dont 200 sont basés à Rennes et 125 se partagent entre Paris et nos agences dans les principales métropoles françaises. Nous cumulons entre 4 et 5 millions d’utilisateurs chaque mois sur toutes nos plateformes réunies.

Comme beaucoup d’entreprises, vous avez mis en place le télétravail pendant le confinement. Comment vos collaborateurs ont-ils vécu cette nouvelle forme de travail ?

Il se trouve que juste avant le confinement, nous nous étions préparés pour un test sur le télétravail. Le vendredi, tout le monde repartait avec son ordinateur. Le lundi suivant, le confinement était annoncé.

Une partie de l’équipe, entre un tiers et la moitié de nos collaborateurs, était déjà en télétravail ponctuel. Ces équipes sont donc logiquement passées en télétravail à temps plein. Mais, comme pour beaucoup d’entre nous, le travail à distance n’a pas toujours été simple, en particulier lorsqu’on a des enfants en bas âge à la maison. Et chez HelloWork, la moyenne d’âge est de 34 ans…

La deuxième partie de l’équipe avait très peu pratiqué le télétravail jusque-là. De nouveaux outils ont émergé, des formations ont été faites et tout s’est relativement bien passé dans un contexte de crise comme celui-ci. Nous avons su nous adapter.

Que pensez-vous conserver de ces nouvelles pratiques après la crise ?

Aujourd’hui, nous rentrons dans une phase de déconfinement mais l’école n’a pas redémarré complètement et partout. Le nombre de collaborateurs en présentiel augmente peu à peu mais ils alternent dans certains bureaux pour ne pas être tous ensemble en même temps. Donc la pratique du télétravail va perdurer mais nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est important de se voir. Le confinement nous a permis de constater à quel point nos échanges informels nourrissaient nos réflexions sur les projets en cours. Notre ADN s’est beaucoup constitué autour de ces points d’échanges qu’il faut préserver.

Comment avez-vous accompagné certaines entreprises pendant cette crise, notamment dans le secteur du médical ?

Nous avons établi deux partenariats. Nous nous sommes d’abord associés à la démarche « Mobilisation Emploi », une plateforme créée par le gouvernement et Pôle Emploi pour mettre en avant des offres dans les secteurs prioritaires notamment dans les domaines de la santé et les EHPAD. Nous avons apporté 50 000 candidatures sur la plateforme au cours du confinement.

En parallèle, nous avons intégré les offres de la Fédération hospitalière de France, afin de faciliter une mise en relation avec les candidats à même de répondre à leurs besoins immédiats.

Une crise de l’emploi est prévisible dans certains secteurs malgré les plans de soutien à l’économie : comment se profilera, d’après vous, le marché de l’emploi dans les mois qui viennent ?

Pendant la crise, nous avons réalisé une étude de l’impact du Covid 19 en sondant nos utilisateurs au début du mois d’avril. Il en résulte que 86 % des salariés en poste ont continué leur recherche entamée avant le confinement. Sans surprise, nous avons observé une chute drastique du nombre de candidatures les deux premières semaines de la crise. Mais sur les deux dernières semaines de mai, nous sommes revenus au niveau d’avant la crise sanitaire.

L’étude montre qu’il existe trois types de candidats : les personnes sans emploi en recherche d’un emploi ; les personnes en poste qui souhaitent changer de lieu de vie (et notamment les Franciliens) et les personnes en emploi qui souhaitent changer d’entreprise considérant que leur employeur a mal géré la crise ou parce que ce confinement a permis un temps de réflexion et engendré des souhaits de changement de carrière. Aujourd’hui, nous arrivons à un niveau de candidatures dépassant le million sur le mois de mai.

Face aux candidats, quid des entreprises ? Nous constatons un redémarrage de l’intérim qui a fortement souffert de cette crise de grande ampleur. Les chantiers redémarrent ; dans l’industrie, nous observons une reprise des recrutements en CDD et en CDI. Mais il est délicat de se prononcer aujourd’hui sur le rythme de cette reprise. Le mois de juin sera plus significatif et septembre encore plus

Nous proposons, pour notre part, 70 à 80 000 offres d’emploi sur nos plateformes.

Quelle sera la valeur ajoutée d’HelloWork sur le marché du recrutement ? Proposerez-vous de nouveaux services ?

L’ensemble de nos équipes techniques et data ont continué de faire avancer nos projets. Notre cœur de métier, c’est la mise en relation. Entre candidats et recruteurs mais aussi entre actifs et centres de formation pour ce qui est de la formation continue avec la plateforme maformation.fr ou entre lycéens/étudiants et écoles avec Diplomeo sur le champ de l’orientation. Nous allons donc continuer d’innover sur ces trois segments au service des actifs (en emploi ou non) et des étudiants. Ce qui se traduira également par de nouveaux services à destination des recruteurs et des professionnels du recrutement.

Peut-on anticiper la reprise, secteur par secteur, au sortir de la crise ? Quelles sont les grandes tendances qui se dessinent ?

Il est un peu tôt pour se prononcer. Nous constatons un niveau de recrutement qui augmente dans les métiers de la comptabilité, de la gestion et de la finance. Et toujours dans les métiers commerciaux. Le secteur du BTP repart mais dans quelle proportion ? Les fonctions informatiques redémarrent également pour les fonctions réseaux et supports mais aussi pour le développement informatique et parce que la digitalisation, qui s’est accélérée pendant le confinement, se poursuit et engendre des besoins. Les métiers du tourisme, de la restauration et de l’hôtellerie sont toujours impactés début juin et le seront sans doute pendant quelques mois, comme les industries aéronautiques et automobiles.

Mais les premiers signaux d’un retour des recrutements sont encourageants.

Les arguments pour attirer des talents sur ce territoire économique rennais ont-ils évolué avec la crise, notamment pour ces Franciliens qui souhaitent quitter Paris ?

Sans être dans la caricature, il est évident qu’avoir un coin de jardin à proximité est attrayant dans cette période post-confinement. Dans la première phase de déconfinement, malgré la restriction des 100 kilomètres, les Rennais ont pu rejoindre la mer. Cet accès rapide à la nature et à la mer est un avantage qui s’est décuplé au cours de cette période. Rennes n’a bien sûr pas perdu son dynamisme et son attractivité économique même si la reprise se fait doucement.

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