M2S (pour Laboratoire Mouvement, Sport, Santé) de Rennes

Hugo Kerherve, le chercheur qui améliore la performance des sportifs

Portrait

Âgé de seulement 38 ans, l’ancien triathlète a rejoint le laboratoire M2S qui figure dans le Top 200 du prestigieux classement de Shanghaï. Un choix logique pour celui qui travaille depuis des années sur l’efficacité du mouvement et la fatigue chez les sportifs. Il participe ainsi à un pôle à la pointe dans le domaine du sport et du numérique.

Hugo Kerherve - M2S Rennes
Hugo Kerherve – M2S Rennes

« Si un sportif perd, on perd aussi ! ». C’est la maxime adoptée par Hugo Kerherve. Est-il coach ? Préparateur physique ? Non, chercheur ! Sa spécialité : l’évaluation du matériel et l’ergonomie du sport. Une discipline qu’il exerce au sein du laboratoire M2S (pour Laboratoire Mouvement, Sport, Santé) de Rennes, qui est pour lui « un des seuls dans le monde qui s’affiche comme science du sport ». Le crédo du chercheur est de « s’associer au processus de performance » des sportifs, en essayant de comprendre comment améliorer la gestuelle ou le matériel. Pour cela, le laboratoire rennais, où il travaille, s’appuie sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée, disposant d’un matériel de pointe comme peu d’endroits dans le monde, avec notamment, le plus grand gymnase dédié à la recherche en Europe.

Au départ, il veut devenir prof de sport

Pourtant rien ne prédestinait Hugo Kerherve à devenir chercheur. Il se définit lui-même comme « passionné de sport, athlète et coach ». C’est donc tout naturellement qu’il se tourne vers les études, mais à l’origine pour « passer un professorat de sport » ! Seulement, « très attiré par la recherche » afin de « comprendre ce qu’[il] faisait » lors de sa propre pratique sportive, il décide de passer un Master à Saint-Etienne. Ce dernier est dirigé par Guillaume Millet, professeur de physiologie du sport, et « sommité française dans le domaine de la longue distance ». Hugo Kerherve découvre alors « un monde qui [lui] plait », à partir de 2006. Il rencontre « beaucoup de chercheurs passionnants » et décide donc de poursuivre son parcours au-delà de son Master.

États-Unis, Australie…

Il débute une thèse à l’étranger, plus précisément aux États-Unis dans le Colorado, en relation avec Rodger Kram, autre sommité dans le domaine de la biomécanique. Hugo Kerhervé développe alors « des méthodologies fondamentales » qui sont « assez attractives dans beaucoup de domaines de l’industrie ». S’en suit une collaboration avec des industriels justement, sur un nouveau design de raquettes à neige. Il obtient alors une bourse et prend un nouveau départ pour l’Australie, à Brisbane. Il s’agit cette fois d’un travail sur « l’identification de jeunes talents » avec un travail « très appliqué ». C’est un « choc culturel » pour le chercheur rennais, même s’il retrouve plus de lien avec ce qu’il avait fait à Saint-Etienne.

Besoin de comprendre sa propre pratique du sport

C’est à ce moment que Hugo Kerhervé démarre ses recherches sur la régulation de l’effort lors de courses très longue distance. Normal pour un ancien triathlète. Il revient alors à ce qui l’a fait basculer dans la recherche : l’envie de comprendre, encore et toujours, sa propre pratique. Il veut alors explorer « les choix qui influencent notre gestion de course ». Ce qui vous fait ralentir ou accélérer lors d’un ultra-trail par exemple, discipline qui a aujourd’hui le vent en poupe, à l’image du succès colossal de celui du Mont-Blanc (UTMB). Un travail d’amélioration de la pratique, qu’il poursuit aujourd’hui avec la fédération française de natation ou encore le Stade Rennais.

Travail sur la fatigue des sportifs

Débutée en 2010, sa thèse prend fin en 2014. En parallèle, il travaille toujours sur l’ergonomie sportive. Cette fois, c’est en lien avec un pôle de performance de motocross, pour améliorer les gants et « minimiser la fatigue perçue par l’utilisateur ». Un fil conducteur qui finira par le ramener en France. Fin 2015, il rentre en effet dans l’Hexagone où se trouve sa famille. Il atterrit à l’UFR Staps de Chambéry sur un projet de « physiologie appliquée ». Il s’agit cette fois de l’évaluation d’un nouveau type de rameur. Un travail important car les sportifs ont tendance à se blesser « l’hiver surtout » quand ils se préparent sur ces machines. En cause ? Le sportif qui bouge et non le bateau. Normal quand on est en salle, mais problématique. Un projet sur lequel il « continue à travailler depuis Rennes » aujourd’hui.

Un pôle leader en sport et numérique

Il arrive justement dans la capitale bretonne en 2017. Il rejoint alors le fameux laboratoire M2S qui est d’après lui « très fort en bio-mécanique et mécanique de recherche ». Hugo Kerherve a depuis démarré une nouvelle activité de recherche « en propre », une nouvelle fois sur « des choses liées à la gestion de l’effort ». Mais cette fois, il peut s’appuyer sur « les nouvelles technologies » et notamment « la réalité virtuelle ». Il s’agit d’un des marqueurs de Rennes, « très gros pôle reconnu mondialement » sur les sciences du numérique. Le chercheur apprécie de pouvoir « donner une coloration sportive » à cette compétence rennaise. Un rapprochement sport et numérique qui est « en plein essort » et pour lequel « Rennes est leader ». Une tendance qui s’expliquer peut être par le fait que le laboratoire est « dirigé par des sportifs ». Un environnement en tout cas dans lequel le triathlète « se retrouve pleinement ».

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on email