Oeliatec - Rennes

Jean-Pierre Barre, rêveur et fonceur

Portrait du dirigeant d'Oeliatec, leader européen du désherbage à l'eau chaude

Le dirigeant d’Oeliatec, leader européen du desherbage à l’eau chaude, a créé sa première machine dans son garage.

JP barre - Oeliatec
JP barre – Oeliatec

Il y a des histoires qui débutent par un caillou mal placé. Celle de Jean-Pierre Barre en fait partie. Tout se passait pourtant à merveille. Une société est créée en 1998, spécialisée dans le  négoce de produits phytosanitaires pour collectivités : « je vendais dans toute la Bretagne et en Loire-Atlantique, j’avais des salariés. » Le caillou qui a fait trébucher l’entreprise ? Un arrêté réglementant l’usage des pesticides en Bretagne.

« Mes ventes ont chuté. D’un côté, mes clients me demandaient de leur trouver de nouvelles solutions pourentretenir les espaces verts communaux. De l’autre, mes fournisseurs n’étaient pas ouverts aux alternatives. Pourquoi l’auraient-ils été ? Dans les autres régions, la restriction n’existait pas ; ils n’ont pas senti que le vent tournait. J’étais pris entre le marteau et l’enclume, il fallait que je trouve une solution.»

Vive les souvenirs d’enfance !

A Bruz, le garage familial devient le laboratoire de l’ingénieur de formation. Il cherche, expérimente. Et puis… « Je me suis souvenu de ma grand-mère qui vidait dans la cour de la ferme l’eau chaude de la bassine dans laquelle cuisaient les patates pour les cochons. Là où elle jetait l’eau, il n’y avait pas de mauvaises herbes. » Une machine est montée. Un réservoir, de l’eau de récupération, une chaudière. « Je suis allé voir mes anciens clients pour leur proposer d’essayer gratuitement le prototype. Il tombait souvent en panne. » Essai après essai, Jean-Pierre l’améliore. « C’était une période compliquée. Les banques n’ont pas cru à mon projet, et j’avais une famille à faire vivre. Ma femme a quelquefois douté ; mais je suis Breton donc têtu. J’étais persuadé que j’étais tout prêt d’aboutir, ça ne pouvait pas être autrement ! »

La machine finit par convaincre, on la réclame. « Je l’ai louée. Et puis je l’ai vendue. C’était en 2007. » La commercialisation démarre doucement. « Quand je vendais 4 machines par an, j’étais content.  Oeliatec est créée en 2010. « Lorsque j’ai embauché mon premier salarié, un an plus tard, j’étais fier comme un paon ». L’entreprise emploie aujourd’hui 30 personnes, chaque jour ouvré une machine sort de l’usine de Saint Jacques de la Lande, et la société est leader en Europe sur le créneau du désherbage à l’eau chaude.

Rennais avant tout

Jean-Pierre Barre a-t-il un jour pensé à s’installer hors du bassin rennais ? « Jamais. Je suis Rennais, et il y a ici tous les savoir-faire et les sous-traitants dont j’ai besoin. La région est d’une grande richesse. Je vois émerger des choses extraordinaires, comme  la transformation et l’organisation de notre industrie avec le Breizh Fab, qui fédère les acteurs du développement économique breton. J’ai tenu à en faire partie dès sa création. Et puis le made in Breizh est vendeur, où qu’on aille. »

Les machines de Jean-Pierre Barre marchent à l’eau. Mais lui, il marche à quoi ? « A l’innovation. Aux challenges. » La preuve : il travaille au développement  de désherbeuses pour le milieu agricole, et se lance, avec une nouvelle société -Karr, véhicule en breton-, dans la construction d’utilitaires électriques pour la ville du futur. Une usine se monte à St Jacques de la Lande, et le premier utilitaire est espéré dans un peu plus d’un an. Rêveur, Jean-Pierre Barre ? « Il faut avoir des rêves. Mais pour les concrétiser,  il faut se lever et y aller. »

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